Contre les violences faites aux femmes!

ON NE PEUT PLUS DIRE QU’ON NE SAVAIT PAS   !

ON NE PEUT PLUS LAISSER FAIRE !

POUR ÉLIMINER TOUTES LES FORMES DE VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES

Avec détermination et pour la 7éme année consécutive, nous nous mobilisons en nombre aujourd’hui et prenons la rue pour manifester notre solidarité avec les victimes de violences et obtenir un engagement plus concret et efficace des pouvoirs publics. La Belgique a signé et ratifié la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Ainsi que à protéger les femmes migrantes et leurs enfants contre la violence domestique et la violence structurelle enraciné dans un patriarcat hégémonique, libéral et oppressent, Cette convention établit des normes contraignantes visant spécifiquement à prévenir les violences fondées sur le genre, à protéger les victimes de violences et à sanctionner les auteurs. Malgré cette ratification et d’autres avancés (loi historique « stop féminicide », création de 6 CVPS en plus,), ce n’est pas suffisant, les chiffres le montrent.

 C’est un des mécanismes cruciaux par lesquels les femmes sont maintenues dans une position de subordination par rapport aux hommes Ayant conduit à la domination, a la discrimination de la femme par les hommes en leur privant de leur pleine émancipation. Et tout cela sans toucher aux véritables causes de cette violence. Car

Il n’existe pas de petites violences faites aux femmes, les violences faites aux femmes s’articulent et souvent se croisent. Elles font partie d’un même système de domination et sont toutes à combattre avec la même force et conviction.

Les chiffres ne mentent pas

Uniquement à travers un recensement des articles de presse en ligne, le blog Stop Féminicide[i] déplore depuis le début de l’année 2023 en Belgique au moins 23 victimes de féminicide. Elles étaient au moins 24 en 2022 sans oublier 1 féminicide indirect, au moins 24 en 2021 et 1 féminicide indirect, au moins 27 en 2020 et 1 féminicide indirect, au moins 26 en 2019, au moins 39 en 2018 et au moins 44 en 2017 !  204 féminicides et 3 féminicides indirects depuis le début de ce recensement. Des femmes mortes par le seul fait « d’être une femme »

En Belgique, près de 98% femmes affirment avoir été l’objet de comportements sexistes   dans la rue ou les transports en commun et 60% ont dit avoir été victime de harcèlement sexuel.  


Nos revendications solidaires …

Nos revendications sont le fruit d’un travail en équipe au sein de la plateforme Mirabal Belgium & le Collectif des Femmes rassemblant les signataires de l’appel à manifestation du 26 novembre 2023.

Mirabal & le Collectif des Femmes s’inscrivent dans un mouvement de solidarité internationale de lutte contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes, qui sont maintenues dans une position de subordination par rapport aux hommes, en étant partie intégrante d’un système global de dominations patriarcale, raciste,…

La révocation de l’arrêt Roe V.Wade aux États-Unis; Les « entravers » au droit à l’avortement en Pologne,…
Le droit à la santé sexuelle et reproductive reste très fragile partout dans le monde!


La Belgique doit mener une politique de lutte contre les violences basées sur le genre de manière holistique, sur la base d’analyses de genre et de recherches scientifiques. Il faut aussi tenir compte du fait que les femmes sont touchées de manière disproportionnée, reconnaître et appliquer la dimension systémique de la violence familiale, sexuelle et sexiste dans les mesures et dans les formations continues des magistrats et de la police.

Une approche intersectionnelle permettant de tenir compte des situations complexes pour lesquelles certaines personnes se trouvent simultanément à l’intersection de plusieurs oppressions est indispensable.

Féminicides et homicides fondés sur le genre

Selon le blog Stop féminicide au moins … féminicides ont eu lieu d’ici 2023.

La loi historique « stop féminicide » de 29 juin 2023 a heureusement créé un cadre légal pour la prévention et la lutte contre ce phénomène. Nous demandons que cette loi soit rendue opérationnelle le plus rapidement possible: collecte de données, publication d’études, création d’un Comité Scientifique d’analyse, améliorer les droits des victimes des violences, appliquer les outils d’évaluation et de gestion des risques, formations des magistrats et de la police.

Femmes vulnérables

Les femmes cheffes de famille monoparentales, les femmes migrantes, les femmes sans papier, les femmes sans domicile fixe, les femmes en situation de handicap, mais aussi les personnes âgées en situation de précarité, les travailleuses du sexe en situation de vulnérabilité ou spécifique, les personnes ayant des besoins adaptations spécifiques ( linguistiques, fracture digitale, marginalisées), les personnes précarisées économiquement, psychologiquement, isolées), les personnes de la communauté LGTBQI+, les femmes victimes de mariages forcés, de crimes d’honneur, de MGF….

Pour toutes celles-ci, c’est la double, la triple peine car ces femmes vulnérables sont encore plus susceptibles de  subir des violences et il est essentiel de les visibiliser et de leur apporter un soutien particulier.

Pour elles, les ressources doivent être centralisées et organisées, et une dynamique de réseau entre associations doit être soutenue par les pouvoirs publics.

Les femmes demandeuses de protection internationale méritent un statut à part car ce sont les premières victimes des conflits armés. Certaines persécutions sont propres aux femmes : le mariage forcé, les stérilisations ou avortements forcés, les mutilations génitales féminines, le viol. Les femmes qui ont été victimes de violences dans leur pays d’origine en subissent trop souvent lors du parcours migratoire et après leur arrivée en Belgique. Ce continuum de violences renforce leur vulnérabilité et leur besoin de protection.

Les femmes migrantes se trouvent généralement dans des situations socio-économiques précaires les obligeant à̀ travailler, souvent dans des métiers dits du care et du clean. Les travailleuses domestiques migrantes et sans papiers sont d’autant plus vulnérables que leur métier est souvent leur seule source de revenus, les plaçant dans une situation de dépendance financière, qui complique les plaintes des abus dont elles font l’objet.

Les femmes victimes de violences intrafamiliales, dans le cadre d’un regroupement familial se retrouvent dans une situation de dépendance administrative à leur égard et ne bénéficiant pas d’un droit de séjour autonome, leur séjour étant conditionné, pendant cinq ans, à la vie commune avec la personne rejointe. Elles risquent à tout moment de perdre leur droit au séjour en Belgique et de se retrouver dans une situation d’extrême précarité. Cette insécurité juridique, qui peut perdurer pendant plusieurs mois, augmente la vulnérabilité des femmes, les poussant à tolérer des situations de violences.

Les personnes LGBTQIA+ sont confrontées à de nombreuses violences au cours de leur vie: violences administratives, conjugales, sexuelles, physiques et psychologiques, rejet, harcèlement, insultes, etc. Ce qui constitue un frein important à leur émancipation et à leur épanouissement mais aussi à la reconnaissance de leurs réalités et de leurs besoins.

Violence au travail

Le lieu de travail doit être un endroit sûr pour l’ensemble des travailleurs et, a fortiori, des travailleuses. Mais sur le terrain, les stéréotypes de genre, la violence et le harcèlement, restent une réalité à combattre. Une enquête européenne de 2016 révèle que 9% des travailleuses ont été agressées physiquement sur leur lieu de travail. Une autre enquête, réalisée en 2017 par la CSC Alimentation & Services, concluait qu’une travailleuse sur trois, travaillant dans les titres-services et les aides familiales, avait été victime de violences sexuelles sur son lieu de travail. Une enquête de mai 2021, réalisée par la CNE auprès de ses affiliées, révèle que 100% des répondantes ont subi des comportements inappropriés sur leur lieu de travail.

Les violences sexistes et sexuelles existent encore sur le lieu de travail, les travailleurs·euses en sont quotidiennement témoins. Avec le télétravail, ces violences sur le lieu de travail se sont muées en cyberharcèlement. Nous devons, chacun –e dans nos entreprises, y être particulièrement y être attentifs

Les violences conjugales, bien qu’elle se passent dans la sphère privée, ont aussi un impact sur le lieu de travail : la travailleuse peut voir son efficacité au travail diminuée ou être victime d’absentéisme après avoir subi des actes de violences chez elle. Dans ce cas il est justement essentiel qu’elle puisse conserver son travail et donc son autonomie économique et financière. Ce sera sa porte de sortie au moment où elle pourra quitter le cercle de la violence.

Individualisation des droits

Depuis les années 80, et pour des raisons budgétaires, il a été décidé que lorsqu’un travailleur ou une travailleuse tombait au chômage et habitait avec une autre personne avec un autre revenu (chômage ou revenu du travail), son allocation de chômage serait revue à la baisse.

Les femmes furent les premières touchées par cette approche familialiste, leur allocation sociale étant considérée comme un « revenu rouge à lèvres ».

Si, à l’origine, la mesure touchait à plus de 90% les femmes, elles sont actuellement environ 51% à voir leur allocation de chômage impactée par le statut de cohabitant, contre 49% d’hommes.

Ce statut de cohabitant constitue une injustice flagrante en matière de droits. Une personne qui cotise pleinement à travers son travail doit avoir un droit plein aux allocations. Les différentes politiques d’austérité, parmi lesquelles le statut de cohabitant, bafouent ce droit. Non seulement ce statut met de nombreuses personnes dans la précarité, il entrave en plus la solidarité et mine la confiance dans la sécurité sociale. Depuis 40 ans, le maintien de ce statut enferme certaines femmes dans un système qui construit lui-même sa pauvreté et la renforce.

Santé sexuelle et reproductive

Mise en place d’informations neutres, complètes et exactes sur le droit à l’IVG via les canaux publics et institutionnels:

  • Référencement adéquat sur les sites officiels,
  • Mise à disposition des coordonnées des structures agréées aux pratiques de l’IVG,
  • Inscrire les techniques d’avortement dans les cursus d’enseignement en facultés de médecine.

Le vote par le sénat sur les violences gynécologiques & obstétricales (VGO) ayant été reporté et afin de lutter contre les VGO:

  • Fournir un cadre de consultation accueillant et sécurisant, en favorisant l’écoute, l’empathie et la bienveillance,
  • Éviter de réaliser des interventions médicales non justifiées et demander systématiquement le consentement avant de poser tout acte médical,
  • Respecter l’intimité des patient.es (drap pour se couvrir, paravent, …),
  • Langage non-jugeant et non-catégorisant (ex: termes neutres),
  • Former le personnel soignant à ces bonnes pratiques.

Concrètement, nous demandons…

Santé sexuelle & reproductive

→ la reconnaissance de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) comme une véritable question de santé publique en adoptant une nouvelle loi relevant du droit médical.

→ d’allonger le délai maximal pour pratiquer l’IVG pour passer de 12 à 18 semaines de grossesse au minimum.

→ de supprimer l’obligation de maintenir un délai de réflexion de 6 jours afin de faciliter l’accès à l’IVG.

→ de requalifier le délit d’entrave à l’IVG pour toute désinformation à propos de l’avortement, en ce compris sur internet et les réseaux sociaux.

→ de mettre en place, via des canaux publics et institutionnels, une information complète, exacte et neutre relative au droit et à l’accès à l’IVG, au travers notamment d’un référencement adéquat sur les sites internet officiels et la mise à disposition des coordonnées de toutes les structures agréées aux pratiques des IVG.

→ d’inscrire les techniques d’avortement dans les cursus d’enseignement en facultés de médecine.

→ de fournir un cadre de consultation accueillant et sécurisant, en favorisant l’écoute, l’empathie et la bienveillance.

→ d’éviter de réaliser des interventions médicales non justifiées et demander systématiquement le consentement avant de poser tout acte médical.

→ de respecter l’intimité de la personne au maximum en proposant, par exemple, un paravent pour se déshabiller, ne pas demander à se déshabiller intégralement, proposer un drap pour se couvrir, etc. Perso, je ne mettrais pas ces « détails » qui n’en sont pas je sais dans ces revendications

→ d’adopter un langage non-jugeant et non-catégorisant. Cela se fait, par exemple, via l’emploi de termes neutres (« partenaire » au lieu de « compagnon », qui présuppose de facto l’hétérosexualité).

→ de former le personnel soignant à ces bonnes pratiques.


Violences intrafamiliales

→ Nous demandons une réforme de la loi du 18 juillet 2006 relative à l’hébergement égalitaire qui tienne compte des violences intrafamiliales et ne permette pas un recours abusif au Syndrome d’aliénation parentale, qui est dénué de tout fondement scientifique. 

→ Nous demandons d’assurer la mise à disposition pour toutes les victimes des violences conjugales et pour leurs enfants d’un endroit d’hébergement sécurisé, avec la mise en place d’un accompagnement psychologique, juridique et administratif.

→ Nous demandons la délivrance de visa humanitaire (art. 9 bis de la loi du 15/12/1980) aux femmes exposées, dans leur pays d’origine, à des violences de genre (mariage forcé, mutilations sexuelles, avortement forcé, viol de guerre…) afin de leur éviter un parcours migratoire dangereux ou afin de permettre de palier, dans des circonstances déterminées, à l’impossibilité de réunir les conditions requises pour invoquer un regroupement familial.

→ Nous demandons le maintien de la résidence, en cas de divorce, lorsqu’une femme est victime de violences domestiques. En effet, la preuve de la violence est difficile à apporter et ne peut être invoquée lors de la procédure de regroupement familial.


Violences sexuelles

→ Nous demandons de déployer les Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) encore mieux sur l’ensemble du territoire, pérenniser leur financement et les ancrer juridiquement.

→ Nous demandons d’améliorer l’accueil des victimes avec une attention particulière pour les personnes en situation de handicap, en situation de migration (y compris les femmes sans titre de séjour) et pour les personnes LGBTQI+.


Violences gynécologiques et obstétricales

→ Nous demandons un ‘masterplan’ sur base du Rapport d’information concernant le droit à l’autodétermination corporelle et la lutte contre les violences obstétricales du Senat (22 mai 2023) avec 85 recommandations.


Violence et harcèlement

Nous demandons de concrétiser la politique de lutte contre le harcèlement de rue (sexiste et sexuelle) et d’intégrer une dimension de genre dans les plans d’urbanisme, pour assurer la sécurité dans l’espace public.


Violence économique

Les violences touchent toutes les catégories sociales. Les familles monoparentales sont particulièrement vulnérables. Les violences post-séparation sont occasionnellement physiques, essentiellement d’ordre psychologique et moral et peuvent également être d’ordre économique.

Nous demandons d’améliorer les procédures en cas de non-paiement de la pension alimentaire et d’intervenir encore plus rapidement par le biais du SECAL.

Nous demandons des solutions pour les dettes contractées par l’ex-partenaire de la victime pendant leur vie commune.


Femmes vulnérables

Nous demandons un accompagnement efficace et d’urgence aux femmes victimes de violences, en situation de vulnérabilité et ce dans une approche intersectionnelle.


Afin de lutter contre la stigmatisation de ces communautés, nous demandons:

→ de reconnaitre socialement et administrativement ces publics.

→ de former le corps médical sur les discriminations et les besoins distinctifs liés aux identités de genre et aux orientations sexuelles pour une prise en charge optimale (transition, dépistages, soins gynécologiques, etc.).

→ d’améliorer l’accessibilité, le remboursement et l’accès à une information claire et fiable concernant la santé sexuelle et reproductive des personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+.

→ de dé-stigmatiser et dégenrer les soins de santé et leur remboursement afin de les rendre accessible aux personnes trans.